Orient et Occident - Un Projet
d’Edition Académique

 

 

Aida R. Hanania

 

 

L’Université de São Paulo est la plus prestigieuse des institutions académiques brésiliennes.

On peut dire que les études de Graduation et de Post- Graduation à la Faculté de Philosophie Lettres et Sciences Humaines jouissent aussi de ce prestige; car, en plus du caractère pionnier de ces cours, on compte avec un Centre d’Etudes Arabes.

Le CEAr a une activité intense qui découle d’un projet de publications fondé exclusivement sur la Culture dans ses diverses manifestations, ayant pour but le dialogue ouvert qui, évidemment, exclut toute sorte d’appartenance confessionnelle et/ou politique.

C’ est à ce projet que s’adresse ce texte.

Ce n’ est que très récemment que le Centre a commencé ses activités: en janvier 1993, on a publié le premier numéro de la première revue académique qui traite des études arabes dans notre pays, la Revista de Estudos Arabes (REA).

Cette revue a le privilège de compter sur des collaborations exclusives (articles, conférences et interviews) d’importantes personnalités liées à la culture arabe dans le monde, telles que le Dr. Roshdi Rashed qui, à partir du CNRS de Paris, dirige le travail le plus révolutionnaire de l’actualité concernant L’Histoire et l’historiographie de la science arabe et - comme le prouvent ses recherches - concernant la nécessité de profondes révisions de l’historiographie de la Science en Occident...; aussi le grand calligraphe arabe Hassan Massoudy, pour n’en citer que quelques-uns des plus expressifs.

Par ailleurs, les plus grands chercheurs brésiliens collaborent très étroitement avec la revue.

Arrivée au muméro 6, la REA a privilégé des thèmes comme: l’influence de la langue arabe sur le portugais; l’influence de la culture arabe au Moyen Age ( c’est le cas du Livre de Kalila et Dimna, du jeu d’échecs, etc.); les différences entre le système de langue/pensée grecque et arabe; l’art arabe de la calligraphie; Les Mille et Une Nuits; "moachahas" et "harchas", le théâtre arabe et beaucoup d’autres.

En outre, le Centre a créé la collection Orient et Occident, des livres thématiques consacrés à la présentation et à la confrontation des cultures arabe et occidentale.

C’est ainsi que "Langue et Mentalité" a inauguré la collection, tout en proposant la discussion du thème fondamental de la langue et les différences de langage.

"Philosophie et Art" (nº 2) et "Textes Médiévaux" (nº 3) l’ont suivi, où, parmi d’autres, il ya une étude comparative entre Algazali et Bernard de Clairvaux.

Le nº 4, "Proverbes Arabes", en plus des 250 amthal révèle comment le proverbe se situe au centre du système langue/ pensée arabe.

Algazali revient à la collection avec ses "Sentences de Sagesse" (nº 5), cette fois-ci à côté de Defensor de Ligugé. Les numéros 6, 7 et 8 relèvent des aspects de la philosophie et de la culture populaire ancienne et contemporaine, centrés dans le Monde Arabe.

Les deux derniers volumes analysent respectivement "L’Education Morale et Satyre des Vices" (nº 9) et le Bon Humour Arabe (nº 10).

Le succès surprenant de cette collection nous a stimulé à organiser de nouvelles publications (plus accessibles aux étudiants, la collection Reprise).

Depuis l’ année dernière, le Centre, au delà d’autres initiatives, tente de faire des accords internationaux d’édition en collaboration avec d’autres Institutions.

En coédition avec l’Universidad Autónoma de Madrid, par son Département d’Etudes Arabes et Islamiques, on a publié depuis 1996 les Cuadernos de Cultura y Ciencia et la revue Textos y Estudios qui reçoit des articles et dans ses numéros spéciaux des Thèses de Doctorat.

En 1997, le Centre a créé avec les Editions Mandruvá, Mirandum, la revue académique du domaine des Humanités, pionnière au Brésil à l’Internet qui a analysé dans ses publications spéciales, des sujets qui concernent le programme Master de l’Universidad de Navarra, Espagne, et du Centre d’Extension Universitaire, son représentant à São Paulo.

Un tel effort d’ édition suppose outre les difficultés normales de publication universitaire des difficultés particulières: la non - inclusion des coûts dans les budgets institutionaux et le manque de sensibilité institutionnelle par rapport aux Etudes Orientales.

Ces dernières années, le Cours d’ Arabe et ceux de langues et cultures orientales en général, aussi bien que d’ autres cours liés aux Sciences Humaines, n’occupent pas la position qui leur doit être destinée dans le cadre des priorités de l’ Université.

On rappellera, à titre d’ exemple, qu’en 1995, le rectorat a supprimé, soit le cours du soir, soit le cours du matin de chaque aire du Département de Langues Orientales.

L’ avenir de nos éditions, de même que l’ avenir de la culture arabe dans notre pays, dépend d’ initiatives privées, prises hors du cadre institutionnel.

Entre-temps, le groupe d’ intellectuels du Centre d’Etudes Arabes de l’Université de São Paulo résiste.